Le
sulfureux polémiste Éric Zemmour a annoncé sa candidature à l'élection
présidentielle, mardi, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux.
Après
avoir laissé planer le doute pendant des mois sur sa participation à l'élection
présidentielle française, le controversé polémiste d'extrême droite Éric
Zemmour a officialisé sa candidature, mardi 30 novembre, dans une vidéo postée
sur les réseaux sociaux.
"J'ai
décidé de me présenter à l'élection présidentielle", a-t-il annoncé, en
lisant un texte derrière un micro d'époque, mimant le parallèle avec l'appel du
général de Gaulle du 18 juin 1940.
"Il
n'est plus temps de réformer la France, mais de la sauver. C'est pourquoi j'ai
décidé de me présenter à l'élection présidentielle", a-t-il poursuivi dans
une vidéo d'une dizaine de minutes, aux accents dramatiques et nostalgiques,
préparée par son équipe.
Rythmée
par le 2e mouvement de la 7e symphonie de Beethoven, la vidéo enregistrée il y
a deux semaines, aux accents nostalgiques, mêle images de violences en France
et archives du pays de "Notre-Dame de Paris et des clochers", du
Concorde, de l'Arc de triomphe ou du cinéma de "Gabin et Delon".
Installé
devant une bibliothèque, Éric Zemmour s'adresse aux Français, "exilés de
l'intérieur", à ceux qui "se sentent étrangers" dans leur
"propre pays", et se présente "pour que nos filles ne soient pas
voilées et que nos fils ne soient pas soumis".
Après
cette annonce, l'ancien éditorialiste du Figaro, de RTL et de CNews, âgé de 63
ans, tiendra son premier meeting de campagne dimanche 5 décembre après-midi, au
Zénith de Paris. La CGT, Solidaires et des militants antifascistes ont déjà
promis une manifestation pour faire "taire Zemmour", à 13 h dans la
capitale.
Condamné
à deux reprises pour provocation à la haine raciale, Éric Zemmour se déclare au
moment où les sondages se tassent, lui donnant autour de 14 % à 15 %
d'intentions de vote au premier tour, derrière le président sortant Emmanuel
Macron (25 %) et la candidate du RN Marine Le Pen (entre 19 % et 20 %). La
période est par ailleurs agitée pour son camp, où certains critiquent un
déficit d'organisation.
Parasiter
le Congrès LR
En
se déclarant mardi, le polémiste, qui ambitionne de rassembler les électeurs de
droite et d'extrême droite, parasite le processus d'investiture en cours chez
les LR, qui départagent en congrès de mercredi à samedi leurs cinq prétendants.
Ceux-ci doivent débattre une dernière fois à la télévision mardi soir, juste
après le JT de 20 heures.
Il
embarrasse également sa rivale d'extrême droite, Marine Le Pen (RN), qui a
déploré mardi sur Sud Radio qu'il "disperse des voix utiles au
redressement du pays". "Il n'apporte rien", a-t-elle déclaré, en
critiquant notamment la "brutalité" de ses mesures sur l'immigration
ou sa vision des femmes. Elle considère qu'il n'a pas fait "sa mue"
en candidat et espère qu'il la "recentre".
Les
partisans de Zemmour se targuent d'avoir déjà pesé sur les thématiques de la
campagne, particulièrement sur la lutte contre l'immigration, le sujet numéro 1
du polémiste, associé à ses critiques de l'islam, une "civilisation"
qu'il juge "incompatible avec les principes de la France".
Adepte
de la théorie complotiste du "grand remplacement" de la population
européenne par des immigrés non européens, sa mesure la plus controversée vise
à obliger à porter un premier prénom d'origine française.
Éric
Zemmour fait en outre de l'ancien président américain Donald Trump une source
d'inspiration, même s'il ne bénéficie pas du soutien d'un grand parti.
Les
polémiques se sont multipliées durant sa pré-campagne. Notamment quand Éric
Zemmour a pointé un fusil vers des journalistes durant la visite d'un salon sur
la sécurité, ou en se rendant devant le Bataclan, le jour de commémoration des
attentats du 13-Novembre, pour accuser l'ancien président François Hollande de
n'avoir "pas protégé les Français". Le polémiste est aussi accusé
d'agressions sexuelles, selon plusieurs témoignages de femmes recueillis par
Mediapart. Mais aucune plainte n'a pour le moment été portée contre lui.
La
constitution d'un réseau sur le terrain sera l'un de ses nombreux défis, ne
serait-ce que pour obtenir les 500 parrainages d'élus nécessaires à une
candidature à la présidentielle. Son camp assure s'appuyer sur 250 à 300
promesses de parrainages.
Avec AFP et France 24