Pierre Koffi Alanda dit Péka est un paysan biologique, franco-togolais qui vit dans le hameau de la Sagne, près de Briançonnet en France. Ses passions, le champ et le chant. Dans un entretien accordé à certains médias togolais, il en parle largement. Lire l'intégrité de l'interview.
Qui est Pierre Koffi Alanda ?
Je suis
maraîcher biologique et chanteur, je suis née à Kpalimé le 25 novembre 1977 et
j’ai passé une partie de ma vie à la cascade de Kpimé Seva, le village natal de
mon père. Actuellement, je vis en France.
Vous étiez parti en France pour des raisons
d’études, à partir de quand avez-vous décidé d’y rester?
Je
suis arrivé en France en 2002 pour faire un stage en agriculture biologique. Je
ne peux pas dire que j’ai décidé d’y rester mais j’ai très vite trouvé ma
place. Mon installation comme agriculteur biologique dans ce petit village de
La Sagne où je vis s’est fait progressivement. C’est ma rencontre avec un
territoire et ses habitants. Pour moi, c’est plus qu’un devoir de redonner à ce
village ce que j’ai reçu depuis mon arrivée en France.
Ce qui vous manque là-bas
Je
pense beaucoup à mes parents, j’aurai bien aimé qu’ils voient une fois mon
jardin perché au pied de ces montagnes dans mon petit village ici en France. «
Quand on a tout, on a besoin de tout, quand on n’a rien, on a besoin de peu ».
Comment avez-vous été accueilli dans votre
village La Sagne ?
A
mon arrivée, j’ai dû apprendre les codes du village. J’ai appris à devenir
paysan car ici dans les montagnes, chaque village a son pays. J’avoue que j’ai
eu un avantage pour mon accueil quand je suis arrivé à La Sagne, c’est la
terre. Je travaille la terre donc très vite, les discussions tournaient autour
de cette terre de La Sagne et le travail des personnes qui étaient installées
depuis plusieurs années.
Que cultivez-vous dans votre ferme ?
Je
cultive des légumes et fruits. J’ai plus de trente variétés : tomate, salade,
haricot vert, petit pois, carotte, betterave, persil etc.… et aussi quelques
produits du Togo comme gboma, adémè…Il m’arrive de faire régulièrement des
repas du Togo pour les habitants de mon village « Akumé et Gbomadessi », sic.
D’où vous est venue l’envie de chanter ?
J’ai
commencé à chanter depuis tout petit. Les chansons étaient et sont toujours mes
amies. Elles ne m’ont jamais quitté. Avec la chanson, j’ai réussi à construire
autour de moi, une vie sociale.
Est-il possible d’être à la fois
agriculteur et chanteur ?
Nous
ne sommes pas que des agriculteurs, nous avons aussi des passions et beaucoup
de compétences. Et moi ma passion, c’est de chanter mon quotidien.
De quoi parlent- vos chansons ?
Mes
chansons parlent beaucoup de mon quotidien, mon rapport avec des gens, mon
territoire d’accueil et mon territoire natal.
Pourquoi le titre kokoriako ?
Le
titre kokoriako de mon premier album est un hommage à toutes les poules et à
tous les coqs qui sont menacés et qui sont en voie de disparition à cause de
leurs chants que certains trouvent dérangeants. Ici en France, il y a eu un coq
traduit à la justice parce que certains citadins se disent dérangés par ses
chants. Je voudrais donc leur rendre hommage à travers cet album composé de 13
titres principalement chantés en Ewé et en Français. L’album sorti le 4 février
2022 est disponible sur les plateformes de streaming.
Quels artistes togolais et africains
écoutez-vous ?
J’écoute
beaucoup d’artistes Togolais notamment le grand frère Jimmy Hope, paix à son
âme, Dada Afia Mala dont j’ai écouté toutes les chansons, j’en suis très
passionné et j’espère qu’un jour, nous pourrions faire un duo, « le rêve fait
vivre ».
J’apprécie
beaucoup un autre grand frère King Mensah, le Roi. J’espère vivement jouer mon
spectacle dans l’un de ses orphelinats. J’écoute aussi beaucoup les artistes
béninois comme Papa Sagbohan Danialou et Dada Angélique Kidjo. Les paroles de
leurs mélodies ont bercé mon enfance, ma jeunesse et m’accompagnent encore
aujourd’hui.
La prochaine étape
Nous
prévoyons un concert en Février au Togo. Mon seul envie, est de trouver des
festivals, des lieux qui peuvent accueillir mes concerts. Je veux faire
chanter, je veux faire danser le public. Je veux aller dans les écoles pour
partager mes expériences de paysan bio et chanteur.
Vous êtes récemment portés à la tête de la
Fédération des groupements d’agriculteurs biologiques de la région
Provence-Alpes-Côte d’Azur. Qu'est ce qui a milité en votre faveur ?
Cela
fait 20 ans que je suis engagé en agriculture biologique. J’ai été formé dans
la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et ça fait presque 12 ans que je suis
installé comme agriculteur biologique. J’étais vice-président du groupement des
agriculteurs biologique du département des Alpes Maritimes, un des départements
que compose notre fédération régionale. Ce sont mes engagements et mes
connaissances du terrain qui ont permis cette confiance de mes collègues que je
tiens une fois encore à remercier.
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